Par Anouk Dunant Gonzenbach
Dans le cadre du troisième module du Master of advanced studies in archival, library and information science (MAS-ALIS) consacré au thème de la responsabilité sociale, éthique et politique de l’information, j’ai été invitée par Georg Büchler et Amélie Vallotton Preisig à parler du traumatisme que peuvent vivre les archivistes confrontées à des documents concernant des personnes survivantes de traumatismes. Il s’agit à ma connaissance de la première fois que le sujet est abordé dans la formation archivistique suisse.
La prise de conscience que les archivistes peuvent subir un traumatisme vicariant (ou fatigue de compassion) lorsqu’ils et elles sont confrontés de manière intense et répétée à ce type de documents émerge dans notre communauté professionnelle. Le traumatisme vicariant est un état résultant de changements profonds subis par le ou la professionnel.le qui établit des rapports d’empathie avec les survivants de traumatismes et est exposé à leurs expériences.
Nos collègues d’Australie, et particulièrement Nicola Laurent, présidente de l’association des archivistes australiens, avec laquelle j’ai eu plusieurs échanges, mettent en place des formations et ont ouvert un site internet qui a pour vocation de mettre en lien une «Trauma-informed Archives Community of Practice». Les réflexions sont également nourries au Canada.
Je suis convaincue, ayant vécu moi-même un traumatisme vicariant dans le cadre professionnel, que nous devons développer ce type de formation pour assumer au mieux nos responsabilités envers la communauté archivistique et nos publics. Il est nécessaire de partager les enseignements tirés de ces expériences et les solutions à mettre en place, par exemple le dispositif mis en place aux Archives d’Etat de Genève. Le MAS-ALIS a fait le premier pas.
Quelques références:
K. Wright, N. Laurent, “Safety, Collaboration, and Empowerment”, in Archivaria 91, 2021.
A Dunant Gonzenbach, P. Flückiger, «Communication de dossiers personnels aux victimes. Un retour d’expérience suisse», in Un dossier pour se (re)construire? Archives et enjeux d’identités, V. Fillieux, A. François, G. Mathieu, M. van Eeckenrode (éd.), 2022, pp.217-233.