Le présent d'hier et de demain

Réflexions sur les archives et surtout l'archivistique à l'ère du numérique (et parfois même un peu de poésie) – Anouk Dunant Gonzenbach

L’archiviste face à l’infini et à l’éternité: émerveillement, défi, conviction et diversité

Par Anouk Dunant Gonzenbach

Lors des Welcome Days 2023 de l’Université de Genève, j’ai été invitée à parler de mon parcours et de ma profession. J’ai profité de cette occasion pour refaire le point, pour moi-même, presque dix ans après mon premier cri du coeur jeté par écrit.

 « L’archive est une brèche dans le tissu des jours, l’aperçu tendu d’un événement inattendu. En elle, tout se focalise sur quelques instants de vie de personnages ordinaires, rarement visités par l’histoire, sauf s’il leur prend un jour de se rassembler en foules et de construire ce qu’on appellera plus tard de l’histoire. L’archive n’écrit pas des pages d’histoire. Elle décrit avec les mots de tous les jours le dérisoire et le tragique sur un même ton », écrit magnifiquement et pour toujours l’historienne Arlette Farge.

Le goût de l’archive, je l’ai reçu à l’Université je crois grâce à mes études en histoire nationale et régionale ainsi qu’au séminaire de paléographie. J’en ai fait ma profession. Archiviste.

Pourquoi je l’aime toujours autant, cette profession, après 21 ans ?

Tout d’abord par émerveillement. A l’Université, j’ai eu la chance de choisir des séminaires d’histoire qui se déroulaient aux Archives d’Etat. C’est là que j’ai succombé à l’attrait de ces documents qui ont traversé les siècles. Un séminaire de paléographie plus tard, donné par une professeure exceptionnelle qui nous a permis d’apprendre à lire les écritures des 16e et 17e siècles comme si on lisait le journal, j’ai pu me lancer dans les registres de juridictions civiles du 17e siècle pour une recherche sur les testaments établis par des femmes enceintes, puis me plonger dans dans les sources de l’Eglise de Genève et de la Réforme. Quel bonheur par la suite de rester proche de ces documents, de leur matérialité et de leur contenu, de les conserver, de les mettre en valeur et également de prévoir les archives de demain.

Par défi ensuite. Il y a tant à faire puisque tant a été et continue à être produit, à conserver pour toujours. Comme le formule si bien l’ethnologue Anne Both1, les archivistes sont confrontés à une masse de documents qui augmente de façon exponentielle et à leur conservation qui est vouée à la perpétuité. En gros, nous sommes face à l’infini et à l’éternité. Et voilà ce défi multiplié par le né-numérique : un parchemin se conserve mille ans sans prendre un pli, une donnée née-numérique a une durée de vie d’une vingtaine d’années. A nous de trouver les parades, les solutions, nous voilà également geeks.

Par conviction, aussi. Au début, parfois, les doutes. Ce métier est-il utile ? Bien sûr, être archiviste, cela ne fait de mal à personne et c’est sans doute mieux que de travailler pour un fabricant d’armes ; mais ne serait-il pas plus concret de mettre de l’énergie au service de la Croix-Rouge, d’une ONG, de projets de développement durable ? Et puis, la découverte de la foi: les archives sont indispensables. Elles sont garantes d’un état de droit et sont appelées à justifier les droits des citoyennes et citoyens et des institutions. Ce n’est pas pour rien que les archives sont une menace pour les régimes totalitaires, ce qui est très bien illustré dans cet extrait de 1984 d’Orwell : « Jour par jour, et presque minute par minute, le passé était mis à jour. On pouvait ainsi prouver, avec documents à l’appui, que les prédications faites par le Parti s’étaient trouvées vérifiées. […] L’Histoire tout entière était un palimpseste gratté et réécrit aussi souvent que c’était nécessaire. […] la plus grande section du Commissariat aux Archives, bien plus grande que celle où travaillait Winston, était simplement composée de gens dont la tâche état de rechercher et rassembler toutes les copies de livres, de journaux et autres documents qui avaient été remplacées et qui devaient être détruites ». La Déclaration universelle des archives, adoptée en 2011 par l’Unesco, souligne le rôle essentiel que jouent les archives dans la transparence administrative, la responsabilité démocratique, la protection des droits et la construction de la mémoire individuelle et collective. Sans document d’état civil, je ne suis personne. Sans le registre foncier, je n’ai pas de bien. Les archivessont vraiment l’un des piliers d’une démocratie.

Et pour la diversité. Notre profession contient mille facettesLe contact avec les chercheuses et les chercheurs, les historiennes et historiens, les journalistes, les étudiantes et étudiants, et chaque personne- peu importe sa profession- qui a une question, que nous orientons dans les fonds pertinents. Beaucoup de contacts humains, donc. Les recherches pour répondre aux diverses questions sur l’origine des noms de rue, la biographie d’une personne pas trop connue, un bâtiment, une famille, un syndicat, une association, nous sommes des détectives du passé. Il y a également le document inédit sur lequel on tombe par hasard. Les journées du patrimoine lors desquelles les Archives font le plein. Le petit update que l’on s’accorde sur telle période historique qui nous échappe un peu. La fascination pour un fonds que l’on découvre dans un clocher. L’organisation de forums qui rassemble la communauté professionnelle de la région. La refonte du site web. La présentation des nouvelles acquisitions de la bibliothèque. L’exposition à monter, de la rédaction des légendes au nettoyage des vitrines. Les danseuses en résidence dans les magasins d’archives. La curiosité n’est pas près d’être rassasiée, et je crois que cet inventaire ne va jamais s’arrêter…

C’est comme la vie, c’est la vie. Etre ancrée, toujours, être ancrée dans le présent de hier et de demain.

Registre des enfants trouvés

Le sort final pressenti: une tentative pragmatique d’application de l’archivistique post-moderniste?

Par Anouk Dunant Gonzenbach

C’était entre la poire et le fromage, à la fin d’un repas sympathique entre archivistes (pléonasme) qui suivait une séance de travail constructive (re-pléonasme). On échangeait avec l’archiviste cantonal de Neuchâtel, Lionel Bartolini, sur le cas d’un département qui proposait aux archives d’Etat de Genève la destruction d’une série de documents dont le sort final avait été établi comme « à détruire » mais que nous n’avions pas validée. En effet, selon le règlement d’application de la loi sur les archives publiques (2001), un bordereau est établi pour chaque destruction d’archives et il doit être validé et signé par l’archiviste d’Etat de Genève.

Dans ce cas, il existait bel et bien un calendrier de conservation qui indiquait bel et bien que le sort final (je déplore entre parenthèses et au passage cet horrible terme qui pour ceux qui s’en souviennent rappelle le sort final de la question juive trouvé par les nazis) de cette série était la destruction. Mais entre-temps, par l’observation de l’évolution des problématiques sociétales et des débats politiques, la donne avait changé. Le sort final prévu n’était, à notre sens, plus pertinent.

Lionel me parle à ce moment-là de la notion de « sort final pressenti » qu’il s’était mis à utiliser dans les calendriers de conservation à Neuchâtel. Le « pressenti » permet ainsi de se contredire et de changer d’avis au moment effectif de la destruction, qui arrive plusieurs années après la décision définie dans le calendrier de conservation.

Une petite recherche sur internet m’apprend alors que ce terme est utilisé également de manière très pertinente aux archives cantonales vaudoises dans leurs calendriers de conservation. Mais je ne trouve nulle part de définition.

Je tente alors la définition suivante : le sort final pressenti est la destination (élimination, conservation ou échantillonnage) de documents, d’un ensemble de documents (ou données ou dossier) à l’expiration de leur délai d’utilité administrative et légale, inscrit dans le calendrier de conservation mais qui peut être soumise à une réévaluation au moment de sa mise en œuvre.

On pourrait nous répliquer que cette définition est floue ou peu scientifique, et qu’il ne sert pas à grand-chose de rédiger des calendriers de conservation si c’est pour ne pas les appliquer in fine. Je pense au contraire qu’il s’agit d’une adaptation conforme aux principes de l’archivistique post moderniste qui prend en compte la dimension profondément humaine des archives et des archivistes, telle que la définit William Yoakim (1). Comme il l’écrit dans cet article, «Tant que nous agissons de bonne foi, que nous acceptons notre part d’humanité et que nous expliquons nos choix et gestes portés sur les archives, nul reproche ne peut nous être fait. Il y aura toujours des politiques d’acquisition, de conservation, des tris et des destructions. L’archiviste essaiera toujours de constituer des ensembles représentatifs des activités accomplies dans son entreprise, dans sa région ou dans son pays. Il importe maintenant de voir que les archives sont infiniment humaines et que les personnes qui les créent, les exploitent, les détruisent ou les conservent, archivistes compris, sont des êtres humains disposant d’une subjectivité et évoluant dans un contexte complexe qui va impacter leurs réactions face aux documents.» (2)

A mon sens, c’est ainsi que nous, archivistes, pouvons  remplir au mieux notre mission, et même nous le devons, notamment dans le domaine sociétal, en permettant par exemple à des personnes concernées de prendre connaissance de leur propre passé (importance de la conservation des données personnelles sensibles par exemple) et aux Etats d’assumer une politique passée.

Qu’en pensez-vous, amies et amis archivistes ?

Question subsidiaire : qui a une idée pour remplacer le terme de «sort final » ? Sort définitif ? Evaluation à terme ? J’offre un t-shirt de chez Limonade & Co à la meilleure proposition (je ne sais pas s’ils proposent encore leurs t-shirt archivistique qui déchirent mais c’est des copains on peut s’arranger je suppose) !

Référence:

1) William Yoakim, « Les archives sont infiniment humaines : il convient maintenant de les percevoir et de les traiter comme telles », in Arbido 2022/1 Archiver l’inarchivable.
2) Ibid.

20 juillet 2022

Archive on tour à Genève

Par Anouk Dunant Gonzenbach

En 2022, l’association des archivistes suisses (AAS) fête son 100ème anniversaire. Plusieurs activités sont prévues pour marquer le coup. Et parmi ces activités, Archive on tour : une boîte d’archive qui doit traverser pendant un an les 26 cantons et le Liechtenstein, de Berne à Berne, et qui au fil de son périple se remplira de contenu laissé à l’imagination des institutions d’archives de chaque canton.

Je l’avoue d’emblée, j’étais un peu sceptique sur le concept. Mais pas longtemps. Comme si j’avais pu oublier la créativité et la fantaisie des archivistes ou leur côté facétieux et taquin. Cette boîte part à la mi-février des Archives fédérales pour se rendre en Valais et là, les choses commencent à mousser : reportages sur la télé locale Canal 9 et à la RTS (télévision suisse romande – voir le reportage du 12:45 ici), articles de journaux, relais dans les différentes communes valaisannes, il se passe un truc, ami.e.s archivistes !

Genève est le deuxième canton à accueillir cette boîte. Le forum des archivistes genevois avait lancé un appel à ses membres et mis à disposition un document partagé contenant un planning libre que chaque institution peut compléter. Il faut le rappeler, Genève possède sur son territoire un nombre pharaonique d’archives et d’archivistes au mètre carré, notamment par la présence des archives des organisations internationales et des ONG (voir la carte ici). Et l’agenda de la boîte se remplit, on se demande même un moment s’il y aura assez de demi-journées dans sa semaine de présence ici pour répondre à toutes les demandes.

Le lundi 21 février, Alain Dubois, archiviste cantonal du Valais, amène la boîte aux Archives d’Etat de Genève.

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Le mardi 22 février un pic-nic d’archivistes s’organise à la Treille. En Suisse, à cette date et depuis 5 jours, les masques sont tombés (sauf dans les transports publics et les établissements médicaux), tout comme le télétravail et l’usage du pass sanitaire. Et là, à cette table de la vieille ville, sur cette promenade historique de la Treille, un moment magique survient : le soleil est là, les archivistes se retrouvent, et nous réalisons alors que c’est la première fois que nous nous réunissons à nouveau, les plaisanteries fusent (private joke à @souslapoussiere), on trinque un coup et c’est un spontané moment de bonheur et de joie que nous vivons.

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La boîte passe des Archives d’Etat au Forum des archivistes, puis du Forum des archivistes aux Archives de la fondation Pictet, sous la statue ad hoc. Une lettre de Thomas Jefferson à Marc-Auguste Pictet datée du 5 février 1803 y prend place (coup de chapeau, un fac-similé d’une qualité incroyable).

pictetElle part ensuite aux hôpitaux universitaires genevois (HUG) à vélo. Le mercredi, tout un photoshooting est organisé; un dossier médical archivé prend place dans la boîte (un faux, bien sûr):

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Le jeudi, à bord d’un deuxième vélo, elle rejoint  le CICR. La boîte y côtoie de lointaines cousines de Tachkent et de Jérusalem, se repose un coup dans les rayons, visite quelques dossiers virtuels du nouveau système de records management du CICR et des photos des riches fonds audiovisuels (lien à ne pas manquer, ce fonds en ligne est un trésor) puis reçoit une copie du premier procès-verbal du comité de secours aux blessés qui deviendra la Croix-Rouge, signé par Henry Dunant le 17 février 1863.

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Dans le quartier des organisations internationales, elle se rend à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au milieu des archives relatives à l’éradication de la variole:

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Puis au Conseil oecuménique des Eglises (COE) où elle se balade sur un chariot dans la salle de lecture.

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Puis elle transplane  pour se rendre à Collonge-Bellerive participer à un projet de gestion documentaire avec le service informatique transversal des communes genevoises. A Genève, on ne recule devant rien! La boîte a désormais son petit nom, Archie, et un grand sourire.

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La boîte part ensuite à  l’Hospice général qui dépose son logo et un historique de cette institution.

Le jeudi soir, elle se déplace aux Archives contestataires, à bord d’un nouveau vélo. Elle reçoit notamment une copie d’archive syndicale relative au SARCEM, une société de microtechnique (production d’automates à bobiner) basée à Meyrin:  le 2 juin 1976, les travailleuses et travailleurs de SARCEM décident d’occuper leur usine pour empêcher la saisie des machines dans le contexte d’une faillite au sujet de laquelle ils nourrissent de gros doutes. L’occupation durera quatre mois, quatre mois d’une intense activité de mobilisation auteur de leur lutte et de vives tensions avec la Fédération des travailleurs de la métallurgie et de l’horlogerie.

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Le vendredi, elle fait un petit tour à la haute école de gestion, filière information documentaire (HEG_id). Le lundi, elle s’y trouve encore au milieu de l’Archilab avec les étudiant.es:

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Ce même jour, la passation de la boîte entre la HEG et l’archiviste des Transports publics genevois (TPG) se fait au soleil:

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Aux TPG, qui fêtent les 160 ans de la ligne de tram 12, la première ligne de tramways d’Europe (et qui est encore en activité!), elle voyage à bord d’un tram historique et du tram rose de Pipilotti Rist. Les TPG ont mis le paquet à l’occasion de Archive on tour. La boîte s’enrichit d’une collection d’anciens billets de bus. Les images sont disponibles sur le post LinkedIn de Cynthia Schneider.

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Ici, on est très fièr.es de la mobilité douce de la boîte.  Qui passe ensuite aux Archives de la Ville de Genève:

tpg_archvgLa boîte s’arrête un coup dans le parc des Bastions, puis reçoit une photo sur laquelle on voit Lise Girardin, la première femme en Suisse conseillère administrative et maire d’une grande ville, en 1967.

1-avg2Mardi matin, elle remonte la colline pour revenir aux Archives d’Etat, d’abord solennellement aux Canons, puis plus récréativement chez le Père Glozu.

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Et c’est la fin du tour genevois. En fin d’après-midi le mardi, la boîte quitte le canton à vélo. On se retrouve à Morges pour la passation:

2_vaudJ’en remets une, parce qu’on est trop fières, avec Delphine Friedmann, la directrice des archives cantonales vaudoises, de notre rencontre ici, et on aura fait durer le suspens (allions-nous manger un papet? nous retrouver sur les bords de la Versoix?). Et surtout, c’est l’histoire d’une belle amitié, comme on en a le secret dans notre profession.

2_vaud2Y’a même La Télé locale qui est présente (sur la photo, on voit les billets de bus des TPG). On reste une heure avec elle et avec Acacio Calisto, qui a accompagné Delphine. La jeune journaliste nous lance, en repartant: « ça fait du bien de rencontrer des gens enthousiastes! ». Le lien du reportage est ici.

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Pour en savoir plus et pour suivre la suite, n’hésitez pas à visiter Twitter, Facebook et Insta en suivant #archivCH et #archiveontour.

Et surtout, ce que Archive on tour nous permet, c’est de nous retrouver, et de s’émerveiller devant ces amitiés archivistiques, cette amitié archivistique à travers le monde et ce même engagement qui nous lie. J’aime ma profession, et je remets le lien sur le billet que j’avais écrit en 2013 et auquel j’adhère toujours davantage: Archiviste, pourquoi j’aime ma profession.

1er mars 2022

Créations, semis et palabres. Archivage de processus de création

Par Anouk Dunant Gonzenbach

« Archiver le temps présent. Les fabriques alternatives d’archives », tel est le titre de l’édition 2018 des Journées des archives de l’Université de Louvain-la-Neuve. Les Actes de ces journées, édités par Véronique Fillieux, Aurore François et Françoise Hiraux, viennent de paraître aux Presses universitaires de Louvain. A commander ici.

J’ai eu la grande chance de participer à ces Journées ; c’est toujours un grand bonheur d’être accueillis par nos collègues belges ; grâce à elles, quand on arrive à Louvain-la-Neuve, on se sent comme à la maison, et on en repart nourris de la richesse des échanges avec les collègues de toute la francophonie – échanges qui ont lieu autant pendant les conférences qu’autour d’une bière, faut-il le préciser.

Je remercie les éditrices grâce auxquelles mon article sur notre projet d’archivage des processus de création intitulé « Créations, semis et palabres » est désormais publié.

«Créations, semis et palabres. Archivage des processus de création».

Création, semis et palabres est un projet d’archivage artistique, de valorisation et de mise à disposition du fonds de la chorégraphe Manon Hotte, qui constitue un patrimoine de la danse contemporaine genevoise et témoigne du travail spécifique mené avec des professionnels et de très jeunes danseurs. Ce projet développe, en plus d’un archivage traditionnel  des archives vivantes et évolutives en rendant lisibles des processus de création, tout en impliquant la relève artistique, les internautes et le public. Dans le but de permettre une circulation d’idées et de la matière à créer, ce projet, qui nourrit ainsi l’histoire de la création suisse, s’articule en trois formats : les boîtes à création, les tiroirs à semis et la toile à palabres.

Résumé du projet en écriture libre :

Septembre 2010

Je n’ai jamais été sensible à la danse. J’ai toujours cru que les écoles de danse étaient des usines à fabriquer des adolescentes anorexiques et nombrilistes. J’en suis restée aux tutus et lac des Cygnes au Grand Théâtre. Je n’ai jamais pris comme spectatrice le virage de la danse contemporaine. Je préfère l’opéra et le théâtre. Pourtant, j’inscris ma fille de 6 ans à l’Atelier danse Manon Hotte, dit ADMH. Parce que c’est dans le quartier, parce que je souhaite lui faire habiter son corps autant qu’elle habite sa tête, parce que je n’avais jamais eu la chance de vivre cela. Je constate rapidement tout le bienfait qu’elle retire des cours. Manon a créé l’ADMH en 1993. Puis en 1998 la Cie Virevolte qui lui est liée, une troupe de danseurs adolescents. Ses locaux sont installés au sein d’une coopérative dans le quartier de Saint-Jean à Genève. Je vibre d’emblée à la corde de cet atelier.

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Juin 2014

Problèmes financiers liés aux exigences administratives étatiques. L’Atelier ferme. J’ai le cœur brisé. Ma fille a maintenant 10 ans. Je n’avais jamais rien compris à la danse contemporaine mais sans me l’expliquer je suis subjuguée par ce que ces cours ont apporté à ma fille. Par ce que j’ai vécu comme parent bénévole dans les productions. Par la richesse que tout cela nous a apporté. Mes clichés ont disparu sous les mouvements de ces corps. Je ne m’expliquerai que par la suite pourquoi j’ai été tellement touchée par cet enseignement. En ce fichu mois de juin 2014, l’Atelier ferme. La balle rebondit, et le Projet H107 est co-fondé dans le même lieu par Marion Baeriswyl, Aïcha El Fishawy et Manon Hotte. Ensemble, elles imaginent un espace de création contemporaine ouvert aux résidences (les artistes en création peuvent louer le studio de danse pour des durées de une à trois semaines). Manon Hotte évoque à ce moment son souhait d’écrire un livre. Au préalable, elle veut classer toutes les archives de l’Atelier. Je propose mon aide pour ce dernier projet, l’archivage. Je suis une archiviste professionnelle. J’évalue. Je me dis, en deux mercredis ce sera plié, tout en boîte. Manon pourra poursuivre son projet d’écriture.

archivage

Novembre 2014

En deux mercredis tout n’a pas été plié. Parce que Manon a dit, tu sais, la danse cela ne se met pas en boîte comme cela. Nait alors le projet « Création, semis et palabres ». Je découvre pourquoi cet Atelier m’a parlé, quand Manon me dit : « mon objectif premier n’est pas forcément de faire de l’enfant un danseur, mais un citoyen qui sache quoi voter à 18 ans ». Tout s’éclaire: son but est le même que pour le scoutisme qui m’a en grande partie forgée: développer l’enfant puis le jeune dans toutes ses dimensions. Le rendre autonome. Cela m’a toujours parlé et me parle encore. Ce qui s’est passé à l’Atelier, c’est la pédagogie de la création. C’est à dire, voir comment on amène des enfants dès quatre ans à être dans une situation de créateur. L’enfant est accompagné sur le chemin de la création. Il est amené à se poser des questions, observer ce qui l’entoure. A se forger une opinion et transposer cette somme d’expérience en mouvement dansé. Une génération d’enfants et de jeunes formés ainsi. Et maintenant il s’agit d’archiver tout cela. Sans trahir l’enjeu.

Recherche. Tour du monde archivistique complet. Pas d’exemple à disposition. Alors nous développons notre propre système. La « boîte à création », qui doit permettre de découvrir comment a été effectuée une création avec les jeunes. Nous archivons quelque chose d’inédit, nous archivons des processus de création. L’archivage lui-même devient processus de création.

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Manon et Nathalie ont peur du mot archives. Pour elles, enfermer des documents dans des boîtes, c’est mettre à mort tout ce qui s’est passé. Les boîtes d’archives qui ferment avec des rubans sont des tombeaux pour mots dont certains auront peut-être la chance d’être lus un jour par un historien poussiéreux. J’appelle à l’aide mon ami Jurg, fabricant de boîtes d’archives. Il nous en réalise en couleurs, sans rubans, mais qui respectent les normes de la conservation. Ce compromis sans compromission fonctionne.

Nos boîtes ne sont pas fermées, ne sont pas là que pour la recherche historique. Elle permettent des semis, elles sont là pour recevoir des traces d’aujourd’hui et de demain. Elles sont là pour permettre la création artistique à partir de leurs témoignages.

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Mars 2018

Lancement public du projet. Nous avons archivé quelque chose d’inédit qui reste vivant. La réalisation n’a pas duré deux mercredis mais quatre ans. Le projet continue.(Je précise ici que travaillant à taux partiel à 80%, taux qui était encore plus partiel jusqu’en octobre 2017, j’ai mené ce tout cela sur mon temps privé).

A. Dunant Gonzenbach, « Créations, semis et palabres. Archivage des processus de création et archives vivantes », in Archiver le temps présent. Les fabriques alternatives d’archives, V. Fillieux, A. François, F. Hiraux (Eds), Presses universitaires de Louvain, 2020, pp. 41-62.

Flocons papillons, archives de l’enfance de la CRIEE et Anne Sylvestre

Par Anouk Dunant Gonzenbach

« Flocons, papillons, la fenêtre la fenêtre
Flocons, papillons, la fenêtre est en coton »
Anne Sylvestre

L’hiver est là, Anne Sylvestre n’est plus là, le virus est là, Noël en famille on n’y arrivera pas… Il est temps de donner la parole aux enfants, à l’avenir, aux enfants que nous étions, à ceux qui seront, et sur ce blog évidemment, cela passe par les archives.

Les archives des enfants? Archives de l’enfance?  Voici un billet sur La CRIÉE (communauté de recherche interdisciplinaire sur l’éducation et l’enfance), qui a pour objectif de contribuer à l’histoire de l’éducation et de l’enfance, par des recherches, des publications et des expositions.

La CRIEE
Tout débute en 1988, quand la CRIEE commence à constituer une collection pour sauvegarder le patrimoine scolaire genevois, en rassemblant les « souvenirs d’école et d’enfance » dispersés dans les caves et les greniers des anciens élèves et maîtres, comme il est écrit sur son site. J’imagine bien les archivistes (les archivistes sont formidables, l’a-t-on assez dit?) écumant les greniers genevois poussiéreux avec leur hotte.

Trente-deux ans plus tard, la CRIEE est riche de 22’000 objets et documents d’archives privées. L’histoire de l’école genevoise est là, dans ces documents produits par ses acteurs directs, les élèves et enseignant.e.s des écoles enfantines, primaires et secondaires!

La base de données de la CRIEE est disponible en ligne et contient des milliers de descriptions de manuels scolaires, cahiers, photos de classe, courses d’écoles, carnets, exercices de coutures ou plumiers ainsi que des images numérisées.

A voir à la rue de l’Hôtel-de-Ville
L’âme, la cheville ouvrière et la tête pensante de la CRIEEE, c’est Chantal Renevey Fry, l’archiviste du département de l’instruction publique (DIP), avec l’assistance indispensable de sa collaboratrice Klara Tuszynski. Régulièrement, en plus d’expositions à la Maison Tavel, elle présente des archives dans les vitrines du siège du DIP à la rue de l’Hôtel-de-Ville.

Actuellement, et ce sont ses mots, elle nous invite à un voyage aux temps de l’Escalade et de Noël, et dans l’hiver de plusieurs enfances successives.

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Cette exposition, écrit-elle, « n’a pas d’autre ambition que de vous offrir un peu d’évasion et de souvenirs en cette période un peu compliquée et de vous permettre de vous évader quelques instants dans une nostalgie heureuse.

Et si vous n’aimez pas l’hiver (ou cet hiver en particulier…), n’oubliez pas :

« Il neigera, il neigera, puis un jour le printemps viendra.
Et sur les branches il neigera
des fleurs de pomme et du lilas »
Anne Sylvestre

Chantal nous offre pour terminer une jolie perle datée de 1959, pour toutes les familles qui ne pourront pas se réunir au complet en ce mois de décembre:

« Cher grand-papa et grand-maman;
Je suis un peu triste de ne pas fêter Noël avec vous »

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Un chignon déstructuré, le nouveau style de l’archiviste

Par Anouk Dunant Gonzenbach

La journée de travail de l’Association des archivistes suisses qui a eu lieu à Appenzell le 16 septembre dernier fut intéressante, trop comme on dit, même pas besoin de le préciser en fait. Ce que j’aimerais relever ici est une petite réflexion suite à une table ronde qui a réuni différentes professions évoluant autour des archives. Qui nous montre que nous n’avons pas fini de nous poser des questions sur l’évolution de notre métier et sur nous-mêmes.

Par exemple. Les historiens souhaitent accéder aux documents partout et tout le temps, donc évidemment nous nous devons de numériser l’entier des fonds. Mais en même temps, pour des recherches inédites, il faut des exclusivités. Donc la totalité de nos fonds doit être numérisée, mais pas tout.

Les salles de lectures tendent à devenir virtuelles, et le débat avance bien sur la question, on fait des efforts, on vous promet. Sauf que ce qui marche le mieux comme médiation, c’est les ateliers avec les enfants dans la vraie vie et dans l’institution. Et même avec les adultes. Carton plein, la matérialité on n’a pas trouvé mieux. Donc on doit faire du virtuel en vrai.

Parler d’humanités numériques devient une hérésie, parce que les humanités sont numériques (tout comme on ne devrait plus parler de documents électroniques parce qu’il est une évidence qu’on s’occupe des documents quel que soit le support, ni de digital archivist parce que l’archiviste est, tout simplement, @souslapoussiere on est d’accord). Or les étudiants ne maitrisent pas forcément encore les outils indispensables aux DH, outils qui ne sont d’ailleurs pas forcément enseignés. Fossé pas encore comblé. Donc buzz encore légèrement bluff.

Et enfin, les historiens souhaitent que les archivistes ne s’entourent pas d’autant de mystère (sic).

Des documents en ligne mais pas trop, des salles de lectures virtuelles pleines de vrais enfants, des humanités numériques mine de rien. En pleine lumière, mais pas au-delà du taux de lux supporté par les parchemins.

En résumé, des lentilles de contact et un chignon déstructuré.

« En préservant le passé, on offre des solutions pour l’avenir ». Ban-Ki-Moon. Et le présent?

par Anouk Dunant Gonzenbach

Ce qu’il y a de bien dans les conférences internationales archivistiques, c’est que les orateurs invités pour les keynotes speech du début montrent à quel point les archives sont indispensables. Alors on se rengorge, mais c’est vrai. Et l’orateur, c’est pas n’importe qui, celui qui a ouvert ce matin le Congrès du Conseil international des archives (ICA) qui se tient en ce moment-même à Séoul, c’est Ban-Ki-Moon.

Ce qu’il il y a de bien aussi aujourd’hui, c’est que sans être en Corée, on peut suivre les conférences grâce aux collègues qui gazouillent pour nous. Quasiment en direct donc de Séoul, voici les réflexions que l’ONU apporte sur les archives.

Ban-Ki-Moon, représenté par John Hocking (Assistant Secretary General UN) adresse ses félicitations à la communauté archivistique, car « les archives jouent un rôle important pour soutenir la justice et la réconciliation ». Les archivistes sont les conservateurs de l’histoire, dit-il. En préservant le passé, on offre des solutions pour l’avenir.

Son message est le suivant,  il est indispensable de documenter les atrocités pour en tirer des leçons. Ainsi, en consultant les archives du Rwanda, on peut comprendre comment et pourquoi les atrocités se sont développées et on peut tenter de prévenir les mêmes en décelant les éléments déclencheurs.

Dans notre nouvelle ère de la justice internationale moderne, les archives sont un outil pour anticiper les atrocités.

Ce qui est nettement moins cool, c’est l’ici et maintenant. C’est que la problématique est sous nos fenêtres, que la loi est ce qu’elle est, que les dossiers documentant les atrocités sont en train d’être produits, des dossiers de réfugiés et de migrants renvoyés des pays d’Europe par exemple, que nous devrons les archiver pour avoir du recul dans cinquante ans, pour que les survivants puissent se reconstruire dans cinquante ans, que nous fassions notre mea culpa dans cinquante ans, mais quelles sont les solutions pour l’avenir puisque nous n’en avons même pas pour le présent ?

Sans parler du cas de conscience citoyen, c’est un des paradoxes de notre profession, et là c’est plus compliqué de continuer à se rengorger.

Merci pour le direct à :

@Archivistes_AAF

@souslapoussiere

@archivist_chloe

@s_kwasnitza

D’archives et d’eau fraîche

Par Anouk Dunant Gonzenbach

De retour de Troyes où a eu lieu du 30 mars au premier avril 2016 le deuxième forum de l’association des archivistes français qui a réuni 800 personnes en 3 jours, 90 interventions et autant d’ateliers et de tables rondes sous le titre de « meta/morphoses, les archives bouillons de culture du numérique »,  je pourrais résumer la brillante et décoiffante conférence d’ouverture de Bruno Bachimont, mais vous en trouverez un ici, et l’exercice n’était pas facile.

Je pourrais rapporter en quelques mots toutes les conférences auxquelles j’ai assisté, les échanges, les relations avec les humanités numériques, l’open data, les plans à 3 à Troyes, les regards augmentés, la longue traîne du web, le retour ad fontes avec le numérique et l’encodage en TEI, le transmedia, les réseaux sociaux parce qu’on le vaut bien, la DS blanche en bas de la photo, le saumon qui remonte la rivière, l’archivologie, les limonades, l’infusion de RM, le web sémantique, l’hybridité, le CIGO, l’ISNI, le RDF et les SIG, mais les Tweetos ont effectué un superboulot et sous le #AAFtroyes16 on peut suivre un fil très complet ; des comptes-rendus sont aussi proposés sur le site du forum.

Je pourrais raconter toutes les réalisations du datasprint, mais les merveilleux animateurs qui ont dû passer leurs nuits blanches à l’organiser ont publié un document de synthèse. Je pourrais gifanimer avec le tutoriel qui se trouve ici.

Je pourrais ouvrir mon cœur pour laisser éclater ces bulles d’émotions pour celles et ceux qui ont organisé splendidement ce forum, m’émerveiller devant une amitié professionnelle à pois avec Céline Guyon, la présidente du comité scientifique et d’organisation, pétiller de mots ce plaisir de rencontres renouvelées et de rencontres nouvelles, mais j’aurais peur d’un peu pleurer.

Je pourrais raconter l’accueil en Champagne et au Champagne, l’andouillette AAAAA, les lunch box d’archives délicieuses, les mots enthousiastes du préfet pour notre profession, l’organisation sans faille, le repas de gala et le madison carré, les défis du geocaching héraldique, mais j’aurais trop envie d’y retourner et de continuer à bouillonner et à me métamorphoser. Je pourrais parler de tout cela mais comme je ne suis pas la seule à pouvoir vivre d’archives et d’eau fraîche, des comptes-rendus fleurissent un peu partout.

Alors en fait je voulais juste partager avec vous une petite réflexion qui m’a perturbée dans le train du retour. On dématérialise, on scanne, on numérise, on réseausocialise, on médationumérise, on linkedatéise et je suis la première à porter avec enthousiasme ces projets. Mais notre objectif doit-il vraiment être de vider nos salles de lectures (pour ceux qui ont la chance d’avoir encore des lecteurs) ? Ce faisant, on donne la chance évidemment à un public du monde entier d’accéder égalitairement à nos sources et ressources, mais cela doit-il se faire au détriment de l’accueil local ? Participons-nous ainsi dans ce monde de l’individualité à briser un peu de lien social ?

Je suis d’accord, le lien social ne relève ni de nos législations ni de nos missions. Mais ne faut-il pas pour autant se poser la question ? Fermer un ou deux jours une salle de lecture qui fonctionne pour donner nos forces à la numérisation (puisque ces forces ne sont pas extensibles) est-il totalement gagnant au niveau humain ? Ou alors faut-il ramener le public in situ par des événements autres, lectures, performances, ateliers ?

Je n’en sais rien, je livre mes questions brutes. Nous devons effectuer des choix stratégiques qui nous appartiennent. Mais je suis convaincue que si nous les professionnels, nous pouvons vivre d’archives et d’eau fraîche, il nous faut accueillir les autres et faire rayonner la finalité de tout cela au-delà du virtuel, dans la vraie vie.

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Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Troyes

 

 

Le PIAF, l’amour et twitter

par Anouk Dunant Gonzenbach

« L’amour est comme l’oiseau de Twitter ».

Mais pourquoi ai-je cette chanson de Stromae qui me vient à l’esprit? Je suis à Reykjavik, à la Conférence 2015 de l’ICA et j’assiste à l’assemblée générale de l’association internationale des Archives Francophones (AIAF). Je sais. Le PIAF est à l’ordre du jour. Association d’idées. Et je tweete. Le petit oiseau bleu vole dans ma tête et je discute avec Didier Grange, président du comité de pilotage du Portail depuis 2009.

De retour à la maison, j’aimerais m’arrêter sur cet outil fantastique le temps d’un petit billet, parce qu’il le vaut bien. Le portail international archivistique francophone – PIAF a été inauguré en 2005.

L’objectif principal du PIAF est de doter la communauté archivistique francophone de ressources utiles à la formation.

Ce portail comporte trois volets principaux :

1) Se former : ce volet est composé de 15 modules destinés à la formation et l’auto-formation. Ces modules couvrent tous les aspects de l’archivistique. C’est la partie la plus utilisée du site. Le module le plus téléchargé est celui consacré à la gestion des documents, par Cynthia Couture. Ce volet contient également un glossaire.

2) Se documenter : ce volet contient une bibliographie, dont la prochaine mise à jour sera en ligne fin 2015. A ma connaissance, le site du PIAF est le seul endroit où l’on peut trouver un tel outil. Cette bibliographie découle entre autre du dépouillement de plusieurs revues professionnelles dont Arbido ou la Gazette des archives. On y trouve également un annuaire qui donne accès aux sites Internet des archives de la Francophonie.

3) E Pro : il s’agit d’un espace de travail collaboratif, sorte de Facebook des archivistes qui permet de créer des groupes de travail et de partager ses propres réalisations. La nouvelle version devrait être mise en ligne en janvier 2016.

De nouveaux modules de formation sont en cours de réalisation : une partie sur l’audiovisuel et une autre sur les cartes et plans, par exemple. Le module 9, numérisation, sera également mis en ligne.

Ce portail est à considérer comme un référentiel en évolution. Le comité de pilotage est composé de 15 personnes. Des contributeurs et rédacteurs fournissent le contenu. Environ 1000 personnes sont inscrites dans la communauté E Pro. En 2016, ce site bénéficiera de nombreuses retouches.

Alors, Piafnaute ?

piaf

L’archiviste, le mot, l’image et moi et moi et moi…

Par Anouk Dunant Gonzenbach

On a beau lutter, rien n’y fait, notre image est poussiéreuse et à chignon. On se pose plein de questions. Changer de vocabulaire? Quand on remonte la chaîne documentaire pour aller dans la vie, la vraie, là où l’histoire c’est le présent, là où l’histoire est en devenir et non à écrire, on côtoie tout plein de gens formidables à qui on s’efforce de faire comprendre que le salut passe par la gouvernance de l’information, et on se heurte à notre désignation. Archiviste. Alors quoi, transformer le mot ? Records manager? gestionnaire de l’information? Colorier avec des pinceaux couleur glamour les différentes nuances de notre profession ? Est-ce que cela va changer quelque chose ?

C’est finalement sur l’ensemble du cycle de vie du document que nous avons un défaut d’image et que nous en souffrons (ou pas). La preuve par les Journées des archives de Louvain, lors desquelles un jeune collègue exprimait sa douleur relative à l’image de la barbe de l’archiviste qui pousse au rythme des années de fonction.

Je ne suis pas sûre qu’on arrive à changer le mot. Mais. Et le message, si on allait le refaire?

Jeunes (tout le monde est jeune, dans la tête) et enthousiastes, bien dans nos baskets et nos talons, nous approprier le message, le discours, les missions, les absorber et les transmettre avec nos mots, notre enthousiasme et nos convictions (les miennes sont ici).

Je sais, on le fait déjà, mais si on tentait cela en étant conscient de cette réappropriation ?

Oui je sais aussi, nous ne sommes pas au centre du monde, et si on l’oublie, Frédéric Sardet est là pour nous le rappeler (à coup de Chokotoff s’il le faut). Mais notre petit bout de monde, pourquoi pas le rendre un peu poétique parfois ?

C’était un petit coup de cœur à l’occasion de l’anniversaire des trois ans de ce blog.

Alors l’image autour du mot, on va la refaire ?