par Anouk Dunant Gonzenbach
Depuis bientôt vingt ans, je prends mon bâton de pèlerin d’une main et mon sabre laser de l’autre pour dépoussiérer notre profession, car tout le monde nous imagine enfermés dans des caves pleines de vieux documents tous gris et nous aussi gris qu’eux, nous, les archivistes.
Médiation avec les enfants, médiation numérique, archivage électronique, trésors merveilleux, parchemins émouvants, dossiers personnels comme traces de vies oubliées, preuves des activités de l’Etat, de la couleur et et et mon chignon destructuré et mes lentilles de contact.
Paf là d’un coup bizarrement, c’est aujourd’hui grâce à la poussière (il ne faut pas se cacher la vérité, il y en a quand-même, en vrai, de la poussière, bien sûr) que les archives peuvent apporter une toute petite pierre à l’édifice. Pour traiter les fonds qui entrent dans nos dépôts avec de la poussière, ou pour nous protéger lorsqu’il y a des moisissures sur les documents, nous utilisons des masques (même des FFP 2 et 3 car il ne faut toujours pas se cacher la vérité, de la poussière, il n’y en a pas qu’un peu), des gants, des charlottes et des surblouses.
Beaucoup de nos institutions possèdent donc des stocks –certes modestes- de ce matériel qui a pris une valeur que personne ne pouvait soupçonner il y a quelques semaines. Les Archives se sont donc mobilisées pour le mettre à disposition des hôpitaux. Plusieurs institutions ont également détaché des archivistes, vu qu’on est spécialisés dans la gestion documentaire, dans les états-majors des dispositifs de crise cantonaux.
Au niveau de l’Association des archivistes suisses (AAS), un appel à la solidarité a été lancé :
A la Chaux-de-Fonds, les institutions archivistiques et muséales ont lancé un défi Facebook #FileTonMatos:
Tout cela a essaimé chez les GLAM suisses (on est glam’ vous saviez pas ? Galleries, Libraries, Archives and Museums). Partout dans le monde, les archives se sont mobilisées :
Il y a même eu un article dans Paris-Match:
Et comme nous avons un humour archivistique très particulier, je ne résiste pas à relayer le tweet de nos collègues du Borthwick Institute for Archives de l’université de York (merci @souslapoussiere pour le repérage) :