par Anouk Dunant Gonzenbach
Ce qu’il y a de bien dans les conférences internationales archivistiques, c’est que les orateurs invités pour les keynotes speech du début montrent à quel point les archives sont indispensables. Alors on se rengorge, mais c’est vrai. Et l’orateur, c’est pas n’importe qui, celui qui a ouvert ce matin le Congrès du Conseil international des archives (ICA) qui se tient en ce moment-même à Séoul, c’est Ban-Ki-Moon.
Ce qu’il il y a de bien aussi aujourd’hui, c’est que sans être en Corée, on peut suivre les conférences grâce aux collègues qui gazouillent pour nous. Quasiment en direct donc de Séoul, voici les réflexions que l’ONU apporte sur les archives.
Ban-Ki-Moon, représenté par John Hocking (Assistant Secretary General UN) adresse ses félicitations à la communauté archivistique, car « les archives jouent un rôle important pour soutenir la justice et la réconciliation ». Les archivistes sont les conservateurs de l’histoire, dit-il. En préservant le passé, on offre des solutions pour l’avenir.
Son message est le suivant, il est indispensable de documenter les atrocités pour en tirer des leçons. Ainsi, en consultant les archives du Rwanda, on peut comprendre comment et pourquoi les atrocités se sont développées et on peut tenter de prévenir les mêmes en décelant les éléments déclencheurs.
Dans notre nouvelle ère de la justice internationale moderne, les archives sont un outil pour anticiper les atrocités.
Ce qui est nettement moins cool, c’est l’ici et maintenant. C’est que la problématique est sous nos fenêtres, que la loi est ce qu’elle est, que les dossiers documentant les atrocités sont en train d’être produits, des dossiers de réfugiés et de migrants renvoyés des pays d’Europe par exemple, que nous devrons les archiver pour avoir du recul dans cinquante ans, pour que les survivants puissent se reconstruire dans cinquante ans, que nous fassions notre mea culpa dans cinquante ans, mais quelles sont les solutions pour l’avenir puisque nous n’en avons même pas pour le présent ?
Sans parler du cas de conscience citoyen, c’est un des paradoxes de notre profession, et là c’est plus compliqué de continuer à se rengorger.
Merci pour le direct à :
@Archivistes_AAF
@souslapoussiere
@archivist_chloe
@s_kwasnitza
Bien vu Anouk,
Il y a encore loin de la coupe au lèvre.
Verne Harris, archiviste sud-africain, a fait de la prison pour avoir osé critiquer les critères d’évaluation des archives nationales qui excluait systématiquement les documents concernant les aborigènes (c’était avant Mandela). Plus heureusement la communauté archivistique suisse a réussi (avec l’aide d’autre cercles concerné) à éviter la destruction des fiches de la police fédérale mais nous avons toujours un cadavre dans le placard concernant nos relations avec l’Afrique du Sud (sans parler d’Israel).
On aura peut-être gagné le jour ou la Charte des archives sera enseignée aux enfants … (et plus urgemment aux étudiants) Un joli programme.